ColOphOn
un lieu unique
les métiers du livre en un même lieu
Imprimeur – Éditeur – Libraire
Création de l’association COLOPHON, GENS DE LETTRES ET DE CARACTÈRE en novembre 1989, à l’initiative de PHILIPPE DEVOGHEL, typographe.
But de l’association :
– Retrouver la mémoire et les gestes des ouvriers imprimeurs, leurs traditions, au cours des siècles
– La création/animation d’un musée-atelier, vivant, de la fabrication du papier au livre fini, en passant par la typographie des textes, l’impression, la gravure, la reliure, présenter l’esprit des Humanistes du XVIe siècle en recréant la chaîne du livre : imprimeur-éditeur-libraire
– Présenter, à travers des expositions, la vitalité du monde de la lettre et implication dans la vie artistique
– Organiser des stages dans les différentes activités du musée/atelier
Présidentes et président de Colophon
Chantal Bonnemaison 1989-2003
Catherine Coutarel 2004-2008
Philippe Devoghel 2009-2019
Philippe Devoghel président d’honneur
Adrien Bitton 2019-
1er mai 1995 Inauguration du musée dans la Maison du Bailli en présence de Marcel Robert, maire de Grignan -que nous remercions pour son immense soutien-, Hervé Mariton député, Alain Blanc conseiller général, Jean Mouton président du conseil général, Jean Besson sénateur.
2002 : la librairie saisonnière se transforme en librairie généraliste sous l’impulsion de Chantal Bonnemaison
2007 Journée de La Saint Jean Porte latine pour fêter le cicero de Colophon dans la maison du bailli
2011 septembre arrivée de Yoann Martinez maître d’oeuvre à l’atelier
2016 décembre à la librairie Estelle Vigne
Musée
Acquisition et dons d’une cinquantaine de machines, des casses, des objets, des caractères bois
Tout au long de l’année
Accueil de scolaires, classes pédagogiques, workshop étudiants
Organisation de rencontres littéraires en partenariat avec les Amis de Colophon
Expositions
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Colophon, la république du livre
interview de Chantal Bonnemaison par Denis Jeambar en septembre 2020
L’aventure a commencé il y a plus de 30 ans maintenant. Le pari de créer un musée de la typographie et une librairie consacrée au roman et à la jeunesse était loin d’être gagné d’avance. Philippe Devoghel, typographe érudit, et Chantal Bonnemaison, libraire enthousiaste, ont fait vivre envers et contre tout leur passion. Elle s’appelle Colophon. Magique. Entretien.
Question. Comment ce projet est-il né et quand a-t-il vu le jour ?
Chantal Bonnemaison. Nous venons de la région parisienne. Philippe était typographe. Quand est arrivée l’offset dans la presse parisienne, il n’a pas voulu abandonner son métier, cet artisanat qui consiste à composer et mettre en page des textes destinés à l’impression avec des caractères mobiles en plomb. Nous sommes donc venus dans la région et il a acheté un petit atelier artisanal.
Q. Typographe un jour, typographe toujours, il est vrai que c’est un métier admirable qu’il a voulu défendre au-delà de cet atelier!
CB. En effet, en 1987, Philippe a obtenu la bourse Guy Lévis Mano en tant que typographe. Cette bourse l’a conduit à créer en 1989 l’association Colophon et à lancer l’idée d’un atelier-musée pour la défense et la conservation de ce métier. Il voulait proposer une vision complète de la vie du livre, éditeur, imprimeur et libraire. Dès le départ, il a souhaité aussi avoir un rôle pédagogique en s’adressant aux scolaires et aux étudiants. Il a soumis ce dossier à Marcel Robert, alors maire de Grignan, et obtenu son soutien. La Maison du Bailli, maison de justice des seigneurs de Grignan construite en 1558, propriété de la commune, était à l’abandon. Elle avait accueilli l’école de garçons pendant plus de cent ans de 1831 à 1965. La municipalité, en s’appuyant sur ce projet, obtient 80 % de subventions pour la rénovation de cette bâtisse. En mai 1995, Philippe ouvre donc le Musée livre et typographie, musée et atelier dont l’ambition est de raconter et célébrer le circuit du livre, depuis sa conception, sa fabrication, jusqu’à sa parution. Il y a eu alors une rencontre importante avec ce grand artiste qu’est Jean-Michel Alberola. Philippe a travaillé avec lui. Au fil du temps, il est enfin devenu naturel que cet ensemble accueille aussi une librairie généraliste, de proximité, pour les lecteurs grignanais et les alentours. C’est chose faite en 2002.
Q. Est-ce à ce moment-là que vous entrez en scène?
CB. En fait, quand nous sommes arrivés dans la région dans les années 80, j’ai cherché du travail et j’ai trouvé un poste chez Maviel, la « grande » librairie de Montélimar à l’époque. C’est à ce moment-là que je découvre l’univers de la librairie et ses valeurs, la découverte, l’échange, le partage.
Q. Un coup de foudre…
CB. Ah oui, vraiment! Vous comprenez donc la logique du concept. Philippe faisait de l’édition, pour l’essentiel des ouvrages graphiques, composés bien sûr à la main, agrémentés de vignettes, d’illustrations sur linoleum. La librairie bouclait la boucle. Mais nous étions très attachés à l’originalité de la démarche, cette action au service du livre et souhaitions la pérenniser, faire en sorte que l’esprit fondateur demeure. Nous en avons donc légué le patrimoine à l’association que nous avions créée.
Q. La librairie existe mainteant depuis 18 ans, on connaît la fragilité du secteur, comment avez-vous résisté?
CB. Par passion et donc acharnement! Pourtant, on ne peut pas dire qu’on nous ait aidés! Mais nous voulions être indépendants. L’indépendance a un prix, parfois il s’appelle galère! Nous avons connu des passages difficiles et, malgré tout, nous sommes toujours là, toujours indépendants, fidèles à nos valeurs.
Q. Pourquoi avez-vous multiplié les prix, les événements? Pour vous donner de la visibilité, sans doute.
CB. Oui mais aussi parce que ça fait partie de la vie d’une librairie que de prendre des inititatives pour éveiller l’attention des lecteurs. Là encore nous sommes dans la chaîne du livre. Lorsque je travaillais à Montélimar, je m’occupais d’une manifestation mensuelle « Un écrivain au bistrot » et avais commencé à créer des rencontres autour du deuxième roman, qui se sont transformées à Grignan en Rencontres du IIe titre. Puis il y a eu des évènements autour des femmes écrivaines et libres « Femmes en littérature ». Ou encore « Plumes et plantes » autour des plantes et de la littérature. Je n’oublie pas, évidemment, les rencontres occasionnelles avec des auteurs.
Q. C’était beaucoup!
CB. Sans doute trop. J’ai donc choisi de mensualiser les rencontres avec un auteur. En 2008, pour les financer, nous avons créé « Les amis de Colophon ». L’association compte une cinquantaine d’adhérents dont une quinzaine très actifs. Ils ont d’ailleurs été très présents en juillet et en août pour aider Estelle Vigne qui a repris la librairie et Yoan Martinez – formé par Philippe – qui s’occupe du musée et en maintient l’esprit. Nous avons pu rester »Ouvert » tout l’été et faire face aux problèmes nés du confinement.
Q. Aujourd’hui, votre petite république du livre, c’est quoi?
CB. Trois associations, trois structures financièrement indépendantes. « Colophon » qui, outre la gestion du musée, accueille des scolaires tout au long de l’année, mais essentiellement en avril, mai et juin, organise à la rentrée un work-shop avec des étudiants en graphisme. Les deux sessions 2020 ont eu lieu au mois de septembre dernier. « Les amis de Colophon », bien sûr, mais aussi « Les rencontres du IIe titre » devenues « Le festival du 2e roman Grignan » qui se déroulera en novembre prochain sous la présidence de la romancière Sandrine Collette, déjà couronnée par plusieurs prix. Au printemps 2021, la présidente sera Carole Martinez, lauréate en 2011 du prix Goncourt des lycéens. En mai prochain, le prix sera remis par Didier Decoin, président du jury Goncourt.
Merci à Denis Jeambar pour l’autorisation.